Reinhard Heydrich : l’architecte de la Shoah

Au chef de la Police de Sécurité et du SD, SS – Obergruppenführer Heydrich,

Je vous charge de m’adresser sous peu un projet global concernant les mesures à prendre pour réaliser la solution finale de la question Juive.

Hermann Goering, 31 juillet 1941.

La rumeur voulait que Reinhard Heydrich soit surnommé HHhH acronyme pour « Himmlers Hirn heißt Heydrich » (le cerveau de Himmler s’appelle Heydrich)…

Le SS-Obergruppenführer Reinhard Heydrich est certainement l’un des dirigeants les plus méconnus du IIIe Reich. Bien moins célèbre par exemple que Adolf Eichmann qui ne fut que son subordonné et un simple exécutant. Et pourtant,Heydrich, bras droit d’Himmler, fût le véritable chef d’orchestre de la Terreur nazie. En tant que chef des Polices du IIIe Reich, il a organisé la répression des mouvements d’opposition antinazis, la persécution puis l’extermination de ceux que les nazis considéraient comme des «  Untermenschen » : Juifs, Tziganes, et Slaves. Grand, athlétique, ambitieux, antisémite virulent, dénué de toute sensibilité ou morale, Heydrich incarnait le type même du nazi aryen dont rêvait Hitler. Hitler qui surnommait d’ailleurs Heydrich : « l’homme au cœur de fer ». Ce qui dans l’esprit du dictateur était un compliment.

Heydrich est né en 1904, en Saxe et est élevé dans une famille catholique. Son père dirige le conservatoire de musique de Halle et est un fervent monarchiste, partisan du Kaiser Guillaume II. Heydrich ne participe pas à la Première Guerre Mondiale mais est traumatisé, comme une partie de sa génération, par la défaite de 1918, la chute de l’Empire et les troubles révolutionnaires qui ont secoué l’Allemagne jusqu’en 1923. Fervent nationaliste, il adhère à la théorie du « coup de poignard dans le dos » répandue notamment par le général Ludendorff et les anciens chefs de l’armée. Selon eux, l’Allemagne n’a pas été vaincue mais trahie à la fin de la guerre. Les coupables ce sont les négociateurs de l’armistice, et les « traitres de novembre » : les sociaux-démocrates, les bolcheviques et bien sûr les Juifs. Heydrich est un antisémite fanatique, convaincu de l’existence d’un complot juif à l’échelle mondial. C’est aussi un escrimeur de niveau olympique et un violoniste très doué. En 1922, il s’engage dans la Kriegsmarine mais en est chassé en 1931. Officiellement il aurait séduit une femme déjà mariée mais il est plus probable que c’est son attitude méprisante lors du conseil militaire qu’il lui a valu cette exclusion. Peu après, il entre dans la Schutzstaffel (SS) organisation paramilitaire du parti Nazi, commandée par Heinrich Himmler. La SS n’est encore qu’une petite unité d’environ 300 hommes, subordonnée à la SA, et chargée de la protection personnelle d’ Adolf Hitler. Les critères pour entrer dans la SS sont stricts. Le candidat doit faire preuve d’une discipline de fer, adhérer sans limite aux idéaux nazis et pouvoir prouver son appartenance à la « race aryenne ». Himmler charge Heydrich d’organiser  le nouveau service de renseignement de la SS : le Sicherheitsdienst (Service de la sécurité) ou SD. Heydrich avait été officier de transmission dans la Marine mais Himmler ne faisait pas la différence entre officier de transmission et officier de renseignement. Cependant son intuition était bonne, car Heydrich va rapidement démontrer qu’il possède un don naturel pour le travail de policier et transformer le SD en un redoutable service de renseignement. Le SD va en effet espionner les adversaires des nazis mais aussi constituer des dossiers sur les dignitaires du Parti (vie privée, soupçons de corruption, passé gênant…) à des fins de chantage.

En 1933, peu après la prise du pouvoir par Hitler, Heydrich et Himmler se voient confier l’organisation de la Police bavaroise. Les deux hommes ambitionnent de réunir sous leur contrôle exclusif les différentes forces policières du Reich. En mars 1933, juste après l’obtention par Hitler des pleins pouvoirs, Himmler fait ouvrir à Dachau le premier camp de concentration géré par la SS et qui accueillera les opposants du nouveau régime. En 1934, Heydrich participe aux manœuvres qui aboutiront à l’élimination des principaux chefs de la SA lors de la « Nuit des Longs Couteaux ». Sans état d’âme, il signe les ordres d’exécutions d’hommes qui peu auparavant étaient des compagnons de lutte et des militants de longue date du parti nazi. La même année la Gestapo (Geheim StaatsPolizei) créée en 1933 par Goering passe sous le contrôle de la SS et d’ Heydrich qui en prend personnellement la direction. Il supervise donc la répression qui touche tous les opposants politiques du régime nazi (conservateurs, sociaux-démocrates, syndicalistes, journalistes…). Après 1934, la SS devient responsable de tous les camps d’internement à travers l’Allemagne qui échappent dès lors à tout contrôle du pouvoir judiciaire. Dès mars1933, les SA avaient spontanément et plus ou moins clandestinement, ouvert des camps et des prisons où leurs victimes étaient enfermées et torturées. Trop nombreux et peu discrets ces camps ne donnent pas « satisfaction » aux chefs de la SS qui décident donc de « rationaliser » le système concentrationnaire en ordonnant la construction de camps dédiés à l’emprisonnement des adversaires des nazis. Désormais tous les camps seront soumis à la même discipline : de la taille des baraques, aux châtiments infligés aux détenus, en passant par les heures de travail des gardiens, tout sera soumis à la même réglementation. Les prisonniers seront divisés en plusieurs catégories selon leurs chefs d’accusation, identifiables par un triangle de couleur et par un numéro de matricule. La Gestapo sera chargée de l’arrestation des suspects et l’unité SS-Totenkopf de la surveillance des camps.

A partir de 1936, Heydrich supervise l’action de la  Gestapo (police politique), du SD (espionnage et contre-espionnage), de la Kripo (police criminelle) et seconde Himmler dans l’organisation de la SS. Toutes ses fonctions en font, à juste titre, l’un des hommes les plus puissants et les plus craints du IIIe Reich.

Il est d’ailleurs nécessaire de s’attarder sur l’organisation particulière de ce régime totalitaire. Hitler choisi d’appliquer à sa nouvelle administration un principe hérité de l’armée prussienne : la « liberté dans l’ordre » qui consiste à laisser une grande marge de manœuvre aux subalternes tant qu’ils continuent à agir dans l’esprit de la directive ou de l’ordre qui leur a été donné. Le but étant de valoriser l’esprit d’initiative tout en restant fidèle à la volonté du Führer : c’est le FürherPrinzip. De plus contrairement à Staline, Hitler répugne aux réunions régulières ou au travail « bureaucratique » ce qui explique que après 1937, il n’y aura plus de Conseil des ministres. En contrepartie, la répartition des pouvoirs entre les ministères et les administrations est floue ce qui crée des doublons qui nuise à l’efficacité et favorise les conflits internes. Par exemple, Wilhem Frick est officiellement Ministre de l’Intérieur mais n’a aucun pouvoir sur Himmler pourtant chef de la Police et censé lui être subordonné. Les Gauleiter, représentants locaux du Parti nazi, sont tout puissants dans les régions du Reich qu’ils érigent en « fiefs » et répugnent à se soumettre à l’autorité des différents ministères. Ces rivalités et cette dispersion des compétences ainsi que le gâchis aberrant de ressources qui en résultent, ralentiront la mise en place d’une économie de guerre (l’industrie d’armement ne commençant à produire massivement qu’en 1942) et empêcheront la concentration des moyens nécessaires pour un programme nucléaire.

Hitler entretient cette confusion car elle renforce son pouvoir (« diviser pour mieux régner ») en lui conférant le rôle d’arbitre entre les diverses factions. Il veille ainsi à ce que aucun de ses « vassaux » n’acquière une position dominante. Toutes les décisions sont prises de manière informelle lors de rencontres avec le dictateur et pour les dirigeants nazis, l’accès au Führer est donc un enjeu prioritaire.Tandis que derrière l’unité de façade, les dignitaires nazis se jalousent,  se haïssent  voire s’espionnent mutuellement. Certains font ainsi courir le bruit que Heydrich aurait eu du côté de sa mère une ascendance juive.

Grâce au SD, Heydrich bénéficie d’un avantage dans ces luttes intestines mais il n’est pas le seul. Göring a sous ses ordres le Forschungsamt, service chargé des écoutes téléphoniques, et il y a aussi le service de renseignement de l’Armée, l’Abwehr, de l’Amiral Canaris. Les relations entre Heydrich et Canaris sont complexes car les deux hommes se sont connus dans la Marine. Heydrich, comme Hitler, manifeste une sorte de respect pour cet officier polyglotte, intelligent et qui est un professionnel de l’espionnage. Mais si les deux hommes se rencontrent régulièrement, leurs services respectifs se livrent, eux, une concurrence féroce.

Sous la direction d’Heydrich, le SD entreprend le recrutement d’agents dans toute l’Europe mais aussi des actions secrètes pour déstabiliser les adversaires du IIIe Reich. En 1936, ses services fabriquent de toutes pièces un dossier prouvant que le maréchal soviétique Toukatchevski  préparait un putsch pour renverser Staline. Parvenu indirectement  à la connaissance du dictateur soviétique ce dossier constituera une des causes de la gigantesque purge qui allait décapiter l’état-major soviétique et affaiblir durablement l’Armée Rouge. Cette affaire est extrêmement tortueuse où l’on retrouve l’action d’agents doubles voire triples et où les manipulés ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Ce qui prendrait beaucoup de temps à détailler ici.

En 1938, suite à l’annexion de l’Autriche, des Sudètes puis de la Bohème-Moravie (Tchécoslovaquie), Heydrich décide la création de Groupes d’Intervention (Einsatzgruppen en allemand) formés de personnels du SD et de la Kripo. Ces unités ont pour mission, dès l’entrée des troupes allemandes, de procéder à l’arrestation de potentiels opposants et à la saisie des archives des ministères. Pour Heydrich, les Einsatzgruppent et le SD doivent être à la pointe de politique répressive allemande dans les territoires annexés.

Des lois de Nuremberg à l’Aktion T4

Dès 1935, les lois de Nuremberg établissent l’exclusion des Juifs allemands de la vie publique : interdiction d’exercer certains emplois, interdiction des mariages dits « mixtes » (entre Juifs et Allemands « aryens »), spoliation de biens et de commerces appartenant à des Juifs etc… Les Juifs sont aussi encouragés à émigrer à condition d’abandonner une grande partie de leurs économies. Le 8 novembre 1938, voulant venger sa famille des persécutions nazies, un jeune Juif polonais nommé Herschel Grynszpan, assassine à Paris un membre de l’ambassade allemande. Immédiatement, Hitler autorise Goebbels, Ministre de la Propagande, à organiser, dans toute l’Allemagne, des pogroms contre la population Juive. Dans la nuit du 9 novembre, les SA et les membres des Jeunesses Hitlériennes incendient, pillent des synagogues et des centaines de bâtiments. Heydrich diffuse à ses services, une directive leur demandant de ne pas intervenir. La Police doit seulement canaliser les violences et éviter que les incendies se propagent à d’autres immeubles.
La date du 9 novembre est très symbolique pour les nazis. En effet, c’est le 9 novembre 1918 que l’empereur Guillaume II avait dû abdiquer et la tentative de putsch à Munich d’Hitler avait échoué le 9 novembre 1923. Lors de la « Nuit de Cristal » du 9 novembre 1938, les nazis entendent « régler leurs comptes » avec les Juifs. 30 000 Juifs sont ainsi envoyés en camps de concentration. Heydrich estime que ces pogroms provoquent beaucoup de dégâts, entrainent une réprobation internationale, sont désordonnés et manquent de discrétion. Il demande que la persécution soit institutionnalisée et confiée à la SS afin de gagner en « efficacité ».

Le 24 janvier 1939, Göring, qui s’occupe de la spoliation des biens Juifs, confie à Heydrich le soin d’organiser l’émigration forcée de Juifs. Le 30 janvier, Hitler prononce un discours devant le Reichstag.

Une phrase est à retenir :

Si la finance juive internationale en Europe et hors d’Europe devait parvenir encore une fois à précipiter les peuples dans une guerre mondiale, alors le résultat ne serait pas la bolchevisation du monde, donc la victoire de la juiverie, au contraire, ce serait l’anéantissement de la race Juive en Europe.

L’intention génocidaire, qui avait commencé à être exprimée dès 1933, est ici très claire : si une guerre éclate alors les Juifs seront exterminés. Or au début de l’année 1939, tout porte à croire qu’une guerre est maintenant inévitable. Hitler salue aussi les “institutions” et « le travail de renseignement qui a conduit à l’écrasement de la juiverie dans la seule Allemagne en l’espace de quelques années. ». Heydrich est ainsi publiquement approuvé et conforté dans son action.

Dans la nuit du 31 août 1939, un commando de SS, déguisés en soldats polonais, attaque une station radio à la frontière germano-polonaise. La propagande allemande utilise cet événement pour accuser la Pologne d’agression contre le sol allemand. Heydrich a ainsi fabriqué le prétexte dont avait besoin Hitler pour déclencher l’invasion de la Pologne et par conséquence le début de la Seconde Guerre Mondiale. Avec la guerre le régime nazi ne va cesser de se radicaliser et plus particulièrement  concernant sa politique antisémite.

Le 1er septembre 1939, jour de l’invasion de la Pologne, Hitler autorise l’euthanasie des handicapés et des malades mentaux (cf ci-dessus). Plusieurs mois, auparavant, des fonctionnaires de la Chancellerie, des médecins et des représentants du SD s’étaient réunis pour déterminer l’application d’une politique eugéniste en Allemagne. Heydrich est directement impliqué dans ces débats. C’est en effet un chimiste de la police scientifique, Albert Widmann, qui préconise l’emploi du monoxyde de carbone pour tuer les victimes. Pour préserver le secret de l’opération, le service technique de la Kripo effectuera les commandes de gaz auprès d’ IG Farben. A noter cependant que début 1940, les services secrets français feront état dans un rapport de l’existence de rumeurs sur l’utilisation contre des malades ou des détenus allemands d’ « un gaz mortel bleu ».

Une dizaine de centres sont clandestinement construits et les premières expérimentations de chambres à gaz ont lieu en janvier 1940 à Brandenburg. L’instance chargée de l’organisation de l’assassinat des malades s’installe au n°4 de la Tiergartenstrasse à Berlin sous le nom de « Communauté de travail du Reich pour les asiles ». L’opération clandestine prend ainsi le nom « Aktion T4 » .  Discrètement les hôpitaux, les maternités et les asiles se voient demander, sous le couvert d’études statistiques, de signaler leurs patients atteints de handicaps. Ces derniers sont ensuite amenés dans l’un des centres de l’Aktion T4 où ils sont assassinés soit par une injection mortelle soit gazés.  Quelques jours plus tard, leur famille reçoive leurs effets personnels et un acte de décès  décrivant une mort naturelle causée par exemple par une pneumonie foudroyante. De son côté, Heydrich demande bientôt que l’Aktion T4 soit étendue aux « travailleurs inaptes » internés dans les camps de concentration. Mais rapidement le secret entourant l’Aktion T4 est percé et ous la pression des familles et des Églises, l’opération est suspendue en août 1941 mais à cette date environ 70 000 personnes avaient déjà été assassinées.

On remarque, ici, une constante surenchère et lutte de pouvoir entre les différentes administrations du IIIe Reich qui veulent toutes être à la pointe de la politique « anti-juive » ou raciale afin d’obtenir les faveurs d’Hitler. C’est ainsi la Chancellerie du Reich qui prend l’initiative de proposer et d’organiser l’euthanasie avant qu’Heydrich ne cherche à obtenir la supervision de l’Aktion T4 par ses propres services.

Juin 1941 : L’invasion de l’Union Soviétique

« Gengis Khan a condamné à mort des millions de femmes et d’enfants (…). L’Histoire ne se souvient que du grand fondateur d’État. (…) J’ai donné un ordre et je fusillerai quiconque formulera une seule critique : l’objectif de la guerre ne sera pas d’atteindre une ligne donnée mais d’anéantir physiquement l’adversaire. C’est pourquoi j’ai disposé – pour l’instant seulement à l’Est – mes unités à têtes de mort ; elles ont reçu l’ordre de mettre à mort sans merci et sans pitié beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants d’ascendance et de langue polonaise. C’est la seule manière pour nous de conquérir l’espace vital dont nous avons besoin. Qui parle encore aujourd’hui de l’anéantissement des Arméniens ? »

 

Adolf Hitler, 22 août 1939, lors d’une réunion d’État-major pendant la planification de l’invasion de la Pologne. Propos rapportés par le général Oster

De la fin de l’année 1940 au début 1941, Himmler et Heydrich réorientent, avec l’aval d’Hitler, leur politique anti-juive. Précédemment il avait été envisagé de forcer les Juifs à émigrer ou, après la conquête de la France, de déporter les Juifs d’Europe vers  Madagascar. Les nazis espéraient que le climat hostile de l’île et les famines prévisibles suffiraient à éliminer les Juifs déportés. Mais cette solution complétement irréaliste  en temps de guerre est désormais définitivement abandonnée.
Les responsables nazis estiment en effet que la confrontation avec l’Union Soviétique est  proche et que la victoire militaire sera rapidement obtenue : au maximum quatre mois. Dans cet optique, les Juifs seront provisoirement envoyés en Pologne avant d’être regroupés dans un ancien territoire soviétique à l’Est qui sera transformé en « colonie » après la victoire. Le travail forcé et les conditions de vie inhospitalières devront, selon eux, aboutir en quelques années à « l’extinction de la race juive ».
Anticipant sur cette évolution, Heydrich a dès le 21 septembre 1939, envoyé aux chefs des Einsatzgruppen en Pologne un télégramme leur ordonnant de constituer des ghettos, dans les grands centres urbains (Varsovie, Cracovie, et Lublin) où seront concentrés le maximum de Juifs. Il ordonne aussi la formation de Conseils Juifs (Judenrät) composés de notables Juifs chargés de recenser et d’administrer la population des ghettos. Le rôle de ces conseils dans le processus d’extermination pose beaucoup de questions : ont il amoindri la souffrance de leurs coreligionnaires en tentant d’améliorer leurs conditions de vie ou se sont ils fait les complices de leurs bourreaux ?

Lors de la Première Guerre Mondiale, le blocus maritime imposé par la Grande Bretagne avait handicapé l’industrie allemande et provoqué dès 1916 d’importances pénuries alimentaires. Pour ne pas revivre cette situation, les nazis planifient l’exploitation totale des ressources des futurs territoires devant être conquis à l’Est afin de permettre le ravitaillement du Reich. Les troupes allemandes devront se « nourrir sur le pays » et toutes les récoltes doivent être envoyées en Allemagne. Le 2 mai 1941, soit un mois avant le déclenchement de l’invasion de l’URSS, des fonctionnaires nazis écrivent, sans état d’âme, que ce pillage, à grande échelle, provoquera des famines importantes et la mort probable de millions de civils dans les territoires conquis. Durant la guerre, près de 57% des prisonniers soviétiques, mourront en captivité souvent à cause d’un manque de nourriture. On voit que parallèlement au génocide des Juifs, les nazis ont mis en place l’extermination programmée des peuples « Slaves » (Ukrainiens, Biélorusses, et Russes) mais aussi des Tziganes.

Scène d’exécution en Ukraine en 1942. Curiosité morbide ou tentative de catharsis ? Tout au long de la guerre les hommes des Einsatzgruppen ont pris une quantité importante de photos de leurs crimes, au point que Heydrich devra donner des ordres pour que cette pratique soit combattue. Est-ce une démonstration cruelle de la banalité du mal, de ces « hommes ordinaires » ?

Durant la préparation des plans d’invasion de l’URSS, Heydrich négocie avec les généraux de la Wehrmacht le rôle de ses services. Il obtient en avril 1941 que les Einsatzgruppen soient chargés de la sécurisation de l’arrière du front et du combat contre les « francs-tireurs » et les partisans. En 1939 en Pologne, ces unités s’étaient déjà « illustrées » en procédant à l’assassinat de milliers de personnes appartenant à « l’élite » polonaise (provoquant alors de timides condamnations de généraux). Peu après le déclenchement de l’opération Barbarossa, le 2 juillet 1941, Heydrich demande à ses hommes de fusiller systématiquement : les cadres du Parti Communiste, les commissaires du Peuple, « les éléments radicaux » et les Juifs travaillant pour l’État soviétique. L’ordre est volontairement vague pour susciter les initiatives sur le terrain, facilitées par l’amalgame fait entre Juif et communiste (la menace « judéo-bolchevique »).

(carte issue de la revue « Histoire » n°320, 2007)

Quatre Einsatzgruppen, soit près de 3000 hommes, sont déployés dans les pays Baltes, en Biélorussie et en Ukraine. S’appuyant sur des unités de Waffen-SS mais aussi de la Wehrmacht, des auxiliaires locaux et d’autres bataillons de policiers, ces groupes commettent d’innombrables massacres et de pogroms. La Lituanie, comptait avant guerre l’une des plus fortes communauté juive (Vilnius était surnommé la Jérusalem du Nord). D’aout 1941 à juillet 1944, près de 100 000 personnes seront tuées dans les environs de Vilnius dont près de 70 000 Juifs. Puis le 29 septembre 1941, dans le lieu dit de Babi Yar, près de Kiev, l’Einsatzgruppe C assassine en quelques heures environ 33 000 Ukrainiens ! Comment expliquer que des hommes aient pu commettre de tels actes ? La plupart d’entre eux étaient diplômés, policiers ou magistrats durant la République de Weimar. Tous n’étaient pas endoctrinés et aucun ne présentait un profil de psychopathe ou d’assassin. Les mécanismes qui ont conduit des individus, en apparence ordinaires, à se transformer en tueurs de masse demeurent une énigme : l’antisémitisme, l’obéissance aveugle, l’accoutumance à la violence ?
Refuser de participer aux exécutions n’entrainait pas d’être emprisonné mais impliquait d’être muté dans une unité combattante. Cette perspective a pu jouer aussi. Les membres des Einsatzgruppen risquaient beaucoup moins leur vie que les soldats se battant devant Moscou ou Leningrad et bénéficiaient d’un relatif confort en vivant à l’arrière du front. Il est aussi possible que Heydrich ait muté des SS ou des policiers dans les Einsatzgruppen afin de « tester » leur fidélité ou ait récompensé l’action de membres d’Einsatzgruppent en les faisant progresser plus rapidement dans la hiérarchie SS.

On estime que les Einsatzgruppen aidés par collaborateurs locaux ont contribué à l’assassinat de 2 millions de personnes entre 1941 et 1943. Il faut retenir aussi les faibles effectifs mobilisés dans ces tueries : environ 20 000 hommes répartis sur l’ensemble du front et qui seront progressivement relevés.

Extrait du rapport du SS-Standartenführer Jäger sur les « activités » de son Einsatzkommando entre juillet et novembre 1941 (pour un traduction : Rapport Jäger – traduction).

Le rapport Jäger  (cf ci-dessus) est important pour plusieurs raisons et montre notamment l’insensibilité dont font preuve les SS vis à vis de leurs victimes. Dans un style administratif et dénué d’humanité, Jäger détaille ainsi au jour le jour le nombre de victimes, leur « catégorie » (Communiste, Juif, partisan…) et le lieu de leur exécution. Ce compte-rendu montre aussi que le contexte de la guerre permet aux nazis de reprendre l’Aktion T4 et donc l’assassinat des malades mentaux et handicapés. Entre juillet et novembre 1941, les 150 hommes du Einsatzkommando A et leurs supplétifs lituaniens seront responsables du meurtre de plus de 130 000 personnes. Même si il est probable que pour se valoriser auprès de ses supérieurs, Karl Jager se soit approprier la responsabilités d’exécutions ou de pogroms commis par des milices lituaniennes.

En août 1941, Himmler assiste à Minsk à des exécutions par balles de Juifs biélorusses et suite à ses inspections sur le terrain, il charge Heydrich de déterminer « une méthode d’exécution plus humaine » pour « soulager » les hommes des Einsatzgruppen (des cas de suicides, d’alcoolisme et de crises nerveuses avaient été signalés). Ces travaux aboutiront à la mis au point de camions où les victimes seront intoxiquées au monoxyde de carbone. Malheureusement pour leurs victimes, Himmler et Heydrich sont complémentaires. Himmler est un inlassable homme de terrain qui se rend sur place encourager les exécutants, remonter leur moral ou susciter des initiatives locales qui respectent le FührerPrinzip.

Bien que subordonné à Himmler, Heydrich est, lui, un boulimique de travail doué d’un formidable esprit de synthèse et d’organisation qui coordonne et planifie la persécution à travers l’Europe.

1941 : Vers la « Solution Finale » et le génocide.

En juillet 1941, soit quelques semaines après l’invasion de l’Union Soviétique, Heydrich reçoit de Göring une directive lui demandant « d’organiser la solution finale de la question juive dans la sphère d’influence allemande en Europe ». Du fait du secret entourant les projets génocidaires des nazis et la destruction d’un grand nombre d’archives, il est difficile de savoir quand a été donné l’ordre de procéder au génocide « immédiat » des Juifs d’Europe. Il est probable que la décision a été prise vers le mois d’octobre 1941. En effet à cette date contrairement à ce qui était prévu, l’Union Soviétique ne s’est pas effondrée, l’Angleterre est toujours dans la guerre et les États-Unis vont bientôt les rejoindre : la guerre sera donc longue. Himmler décide alors la construction de deux camps d’extermination à Chelmno et à Belzec qui commenceront à fonctionner au mois de décembre et seront commandés par d’anciens responsables de l’Aktion T4. Au camp d’Auschwitz, les SS testent sur des prisonniers russes les effets du gaz Zicklon B tandis que Adolf Eichmann en tant qu’adjoint d’Heydrich suit l’avancement des travaux de construction des futurs camps d’extermination.

Selon les décisions prises par Hitler, Himmler et Heydrich, les territoires du « Grand Reich » (Allemagne, Autriche, Bohême-Moravie) doivent être rendu « Judenfrei » en priorité puis on s’attaquera aux autres pays d’Europe de l’Ouest (Pays-Bas, Belgique et France). Les pays Scandinaves, la Hongrie et l’Italie rétifs à la déportation de leurs Juifs seront concernés dans un second temps. La Yougoslavie et la Grèce subiront le même sort que la Pologne. Par décret d’Heydrich, le 1er septembre 1941, tous les Juifs âgés de plus de six ans doivent porter comme signe distinctif une étoile jaune. Entre octobre et novembre 1941, 30 000 Juifs allemands, autrichiens et tchèques sont déportés en Pologne. Le 29 novembre 1941, 4 000 Juifs berlinois sont assassinés dès leur arrivée à Riga.

20 janvier 1942 : la conférence de Wannsee

Exemplaire de la convocation à la conférence de Wansee envoyée par Heydrich afin de « préparer la solution de la question juive » : der Endlösung der Judenfrage…

Heydrich convoque, le 20 janvier 1942, dans une villa de Wannsee  ,dans la banlieue de Berlin, une quinzaine de hauts-fonctionnaires allemands (Parti, Affaires Étrangères, Justice, Économie, Gouvernorat Général de Pologne…) et d’officiers SS issus de la Gestapo, ou ayant commandé dans des Einsaztgruppen. Beaucoup d’historiens ont considéré que cette réunion marquait le début de la Shoah. Or nous avons vu auparavant que la plupart des décisions avaient été prises à la fin de l’année 1941 et comment le processus génocidaire commençait à être progressivement enclenché en URSS et en Pologne. Elle n’en est pas moins cruciale. Le but de la conférence de Wannsee, préparée par Adolf Eichmann, est d’obtenir la reconnaissance de l’autorité de la SS et d’ Heydrich dans ce domaine. Heydrich souhaite aussi que les différentes administrations du IIIe Reich acceptent de coopérer à la réalisation de la déportation de l’ensemble des Juifs européens (soutien logistique, juridique et diplomatique). A son grand soulagement, toutes les branches de l’administration ne contestent pas l’évolution génocidaire de la politique antisémite et acceptent d’y prendre part. En plus de faire le recensement des Juifs d’Europe à déporter (11 millions), le procès-verbal de la conférence indique que :

« Au cours de la solution finale, les Juifs de l’Est devront être mobilisés pour le travail avec l’encadrement voulu. En grandes colonnes de travailleurs, séparés par sexe, les Juifs aptes au travail seront amenés à construire des routes dans ces territoires, ce qui sans doute permettra une diminution naturelle substantielle de leur nombre. Pour finir il faudra appliquer un traitement approprié à la totalité de ceux qui resteront, car il s’agira évidemment des éléments les plus résistants. ».

Derrière le jargon bureaucratique et les euphémismes, le but génocidaire de la déportation des Juifs est exprimé ici de manière implicite avec le travail forcé dans un premier temps puis le meurtre pur et simple. A noter, que seuls les « Juifs de l’Est » sont ici cités, alors qu’en 1942 la déportation des Juifs allemands a déjà débuté. Cependant, le recensement de l’ensemble des Juifs européens montre bien que le projet est global même s’il doit se dérouler par étapes : la Pologne et l’URSS en premiers puis le Grand Reich puis l’Europe de l’Ouest. Le 27 mars 1942, un premier convoi de 1150 personnes déportées part de France pour la Pologne et le camp d’Auschwitz.

« Le bourreau de Prague »

Ne satisfaisant pas de ses fonctions policières et voulant gagner un peu de gloire militaire, Heydrich obtient, et ce contre précaution, de servir comme pilote dans la Luftwaffe d’abord pendant la campagne de France puis pendant l’invasion de l’Union Soviétique.  Mais le 22 juin 1941, son avion est abattu par la DCA russe et il faut attendre de longues heures avant qu’il puisse être recueilli par une unité allemande. On imagine sans peine que la nouvelle de la disparition voire l’hypothétique capture du chef des renseignements SS  a dû donner bien des sueurs froides au sein de l’état-major Suite à cette mésaventure, Hitler interdit formellement à Heydrich de voler à nouveau.

En septembre 1941, Hitler nomme Heydrich vice-protecteur (ReichsProtektor) en Bohème-Moravie (actuelle République Tchèque) en remplacement de Von Neurath considéré comme trop « faible ». La Bohème-Moravie est un territoire stratégique pour les nazis. Avant son annexion en 1939, la Tchécoslovaquie disposait de l’une des industries les plus puissantes d’Europe. Lorsque l’armée allemande envahie la France en 1940, 10% de ses chars ont été fabriqués dans les usines Skoda ou sont d’anciens blindés de l’armée tchécoslovaque. A la fin de l’année 1941, l’Allemagne s’engage dans une guerre plus longue que prévue ; il faut donc intensifier la production d’armement et réprimer toute forme de sabotage ou de résistance. C’est dans ce but que Heydrich est envoyé à Prague. De plus, il dispose dans ce territoire, d’une position stratégique au centre de l’Europe pour coordonner la déportation des Juifs. Élevé au grade de SS-Obergruppenführer (général), Heydrich est au faîte de sa puissance. Dès son arrivée dans la capitale tchèque il ordonne l’arrestation du premier ministre Alois Elias (qui servira d’otage), la déportation des Juifs tchèques dans le camp de Theresienstadt et l’exécution de 400 personnes soupçonnées de faits de résistance. Avec l’arrivée de Heydrich, la Gestapo se déchaîne à Prague et opère plusieurs milliers d’arrestations. Parallèlement pour motiver les ouvriers et les gagner à l’idéologie nazie, Heydrich fait augmenter leurs rations alimentaires ainsi que les salaires. Mais pour la majorité de la population : il reste le « Boucher de Prague ».

En 1940, afin de coordonner l’action de la Gestapo, du SD et de la police criminelle (Kripo), Heydrich décide  de centraliser tous les services répressifs du IIIe Reich dans un seul organisme : le RSHA (Reichssicherheitshauptamt : Office Central de la sécurité du Reich). Il est donc impliqué dans la répression des mouvements de résistance qui commencent à s’organiser dans les pays occupés par l’Allemagne. En décembre 1941, le maréchal Keitel signe le décret « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard) qui ordonne la déportation en Allemagne de toute personne présentant un danger pour la sécurité du Reich. Ces prisonniers doivent être maintenus au secret et « disparaître sans laisser de trace » dans les camps de concentration. Le SD, notamment, sera chargé de désigner les prisonniers politiques concernés par ce décret. Le nom « Nacht und Nebel » provient probablement du nom d’une partie d’un opéra de Wagner : « L’or du Rhin ». Dans ce passage, le roi des Niebelungen Alberich disparaît par magie en chantant cette tirade : « Nacht und Nebel niemand gleich! »la nuit et le brouillard, plus personne ! »). On estime qu’environ 7 000 personnes (principalement en France, Belgique et aux Pays-Bas) furent déportées en tant que « Nacht und Nebel » .
Entre le 5 mai et le 12 mai 1942, Heydrich se rend à Paris pour obtenir la coopération des autorités de Vichy et nommer le nouveau représentant du RSHA en France : Karl Oberg.

Opération « Anthropoid » : Assassiner Heydrich !

Photo d’un document exceptionnel : l’ordre (« MOST SECRET ») du SOE daté du 21 janvier 1942 sur l’organisation de l’assassinat d’Heydrich

Fin 1941, le SOE (Special Operations Executive) service britannique en charge de l’organisation des réseaux clandestins de résistance en Europe occupée décide de planifier l’assassinat d’Heydrich. Les objectifs sont de réaliser une démonstration de force de la Résistance tchécoslovaque, d’affaiblir la politique répressive allemande en éliminant un dirigeant important et d’inciter les tchèques à la résistance contre l’occupant.

Se sentant, invulnérable, Heydrich se déplace toujours en voiture décapotable et refuse toute escorte. Le 27 mai 1942, il se rend de sa résidence à Panenské Břežany jusqu’à son quartier général de Prague au château Hradčany. Il ignore que depuis plusieurs jours un commando de résistants tchèques, parachutés par les britanniques, surveille le moindre de ses mouvements. A l’entrée de la ville, les trois résistants se sont placés en embuscade. Au passage de la Mercedes, l’un deux Jozef Gabčík, braque sa mitraillette Sten mais l’armée rudimentaire s’enraye et il lui est impossible de tirer. Heydrich ayant fait arrêter la voiture, se lève de son siège,  sort son arme de service et s’apprête à tirer sur le tchèque qui s’enfuit. Mais, l’autre membre du commando resté en arrière, Jan Kubiš, lance une grenade qui vient exploser à proximité de la voiture et blesse grièvement le général SS. Transporté en urgence à l’hôpital, suite à l’infection de ses blessures, Heydrich meurt le 4 juin 1942 à l’âge de 38 ans.

Rapatrié à Berlin, Heydrich a droit à obsèques officielles grandioses avec tout le décorum nazi.

Le corps de Heydrich est exposé à Berlin lors de ses funérailles le 8 juin 1942. Rendant hommage au SS, Hitler devait déclarer : « Je n’ai que peu de mots à dédier à ce mort. Il était l’un des meilleurs nationaux-socialistes, l’un des plus vaillants défenseurs de l’idée du Reich allemand, et l’un des adversaires les plus résolus de tous les ennemis du Reich »

Les représailles qui suivent l’attentat sont à la mesure de la perte que représente pour Hitler la mort de Heydrich. Pourchassés dans les rues de Prague, les membres du commando trouvent refuge dans la cathédrale Saints-Cyrille-et-Méthode. Le 18 juin, les SS assiègent leur refuge. Au cours des combats, une dizaine d’allemands sont tués, Jan Kubiš est mortellement blessé et ses compagnons préfèrent se suicider plutôt qu’être capturés. Les ecclésiastiques leur ayant offert l’asile sont fusillés ou déportés. Le village de Lidice, accusé d’avoir hébergé des membres du commando, est incendié par les nazis. Les hommes sont fusillés, les femmes et les enfants sont envoyés en déportation à Chelmno ou Ravensbrück d’où beaucoup ne reviendront pas. La répression continue tout au long de l’été 1942, faisant environ un millier de morts.

Conclusion :

Il est indéniable qu’en assassinant Heydrich, ces agresseurs ont sans doute sauvé des milliers de vie. Car si il était resté en vie, il est très probable que la persécution des Juifs et la lutte contre les réseaux de résistance auraient été plus impitoyables et implacables qu’elles ne l’ont été. Prenons le cas de la France où une majorité de la communauté juive fut sauvée et cachée par des familles ou dans des villages. Ces réseaux de complicité et d’entraide, souvent improvisés, n’auraient sans doute pas pu survivre si Heydrich avait vécu. Paradoxalement, la mort d’Heydrich va dans l’immédiat provoquer une accélération dans l’anéantissement des Juifs. Car pour Hitler et Himmler, il apparaît clairement que ce sont les Juifs qui ont tué Heydrich : il est nécessaire de le venger et d’accentuer « le combat » contre eux. En sa mémoire, est décidé le commencement de « l’Aktion Reinhard » c’est à dire l’extermination immédiate de tous les Juifs présents dans le Gouvernorat de Pologne soit environ 2 millions de personnes. A l’été 1942, les premiers déportés sont tués, dans des chambres à gaz, aux camps de Treblinka, Auschwitz, Sobibor, et Belzec.

Heydrich, grâce à ses talents d’organisateur, a jeté les bases d’un système de répression (le RSHA) actif dans toute l’Europe occupée. Le 13 juillet 1942, la première rafle de Juifs est   déclenchée simultanément dans tous les pays occupés d’Europe de l’Ouest. En France, obéissant aux ordres du Secrétaire à la Police René Bousquet (qui avait rencontré Heydrich en mai), la Police française arrête, à Paris, 13 000 Juifs qui seront parqués dans le Vélodrome d’Hiver puis déportés (très peu reviendront de déportation). Revanche posthume, le RSHA obtient en juillet 1942, la responsabilité dans les territoires occupés, du maintien de l’ordre jusqu’alors du ressort de la Wehrmacht.

Si Heydrich reste un personnage important du IIIe Reich, c’est parce que « grâce » à lui la déportation des Juifs est devenu une organisation de type industriel dont Auschwitz deviendra le triste symbole. Hélas pour ses victimes, il laisse derrière lui une organisation redoutablement efficace (le RSHA) et des adjoints compétents.

 

 

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